Cette fortune indécente lui permet de vivre. Elle le sait. Assise près de la fenêtre, ce spectacle semble l'indifférer. L'intégralité de la clique weaver a envahi l'espace de l'hôpital. Les visites sont limités à trois personnes maximum, mais non nous sommes au dessus des lois. Regard vide et froid. elle n'a pas ouvert la bouche depuis ce moment là. Elle est en état de choc la gamine. amber s'approche d'elle et lui caresse la joue. elle reste stoïque.
" ZEEEEEEEEEEEEPHYR " Sa propre voix résonne dans sa tête. Un écho incessant qui la suit depuis ce maudit jour. Et d'un geste purement asociable, elle met ses écouteurs et se coupe du monde comme elle si bien le faire, la rêveuse.
" J'ai été accepté à l'OSU ! " dit-elle en embrassant son frère Zéphyr, égoïstement, elle espérait que son bonheur permettrait de le sortir du coma. Les miracles n'existent pas, la rêveuse.
" Ca aurait été plus drôle, si tu étais avec nous tous... Tu sais, je ne t'en veux pas, je ne lui en veux pas, c'est la vie disent-ils. Je t'interdis de mourir, c'est compris ? " Ce monologue L'agace mais c'est devenu sa réalité quotidienne. C'est comme une petite vielle avec sa routine qui va voir son mari dans le coma et qui lui raconte ses anecdotes du club de bridge. Pathétique, mais c'est la meilleure solution qu'elle a trouvé. C'est sa catharsis. Le meilleur des psycologue, aucun conseils débiles et prescription fantasques. Juste un monologue. Les premières années, elle omettait certains détails sur sa vie et puis, au fil du temps, elle lui racontait ses détails les plus intimes, elle avait juste besoin de parler. Elle se demandait s'il l'entendait qu'est ce qu'il dirait ?
" Blague à part, frangin, il faudrait que tu sois là pour mon mariage quand même. Et pour mes enfants, tu seras leur ongle préféré et leur parrain " Elle se lève et dépose un léger bisou sur son front. Elle aimerait qu'il ouvre fébrilement les yeux à cet instant présent, mais rien. Ses beaux yeux lui manque, son frère, c'est son héros, elle refuse de parler de lui au passé. Elle allait à chacune de ses compétions, elle a l'ultime conviction que s'il n'avait pas eu son accident, elle aurait commencé le patinage. Elle attrape son sac et s'en va en siflotant
light my fire.
***
Munie de son portable, elle envoit un message sur twitter:
- Citation :
- Stay tuned, 3 minutes to go YO OHIOANS coming up. Today's show: Wat 'bout Brutus ? #TEAMOSU #TEAMBRUTUS #FAREWELLBRUTUS #CHOCOBN
" Yo Ohioans ! Laissez moi, vous racontez une anecdote, il y a quelques semaines, Brutus, votre mascotte adorée m'a foncé et pour couroner le tout, elle m'a écrasé le pied, sans gêne. J'ai appris ce matin qu'elle s'était froisée l'épaule, nous n'aurons donc pas de mascotte pour le match de Basket masculin contre UCLA. Quel dommage. Une minute de silence pour cette tête qui nous manquera, cette jolie tête qui ressemble à un Choco BN entamé. Farewell Brutus. " De la méchanceté pure et simple, mais c'est sa marque de fabrique. Elle s'en fout de l'opinion des gens. C'est son quart d'heure où elle se lâche, tout le monde y passe même ses soeurs de Gamma Rho Zêta. Elle n'a aucun problème avec ça, même si parfois elle culpabilise pour ses proches. Après tout, ils sont adultes.
Son portable vibre. C'est la sonnerie quotidienne. Elle doit se rendre à l'hôpital.
En arrivant, elle siflote toujours le même air
light my fire. Elle prend place sur le siège qui lui est destiné. Elle attrape une photo qu'elle a prise il y a quelques jours avec ses frères et soeurs. Elle l'accroche parmi les inombrables photos disposés sur le numéro, non loin des miliers de messages de fans et de proches. Elle s'assoit à côté de lui et lui sourit.
" Ca va ? Hier, je n'ai pas pu venir, je m'en suis voulu, si tu savais, alors pour la peine, je resterai une heure de plus aujourd'hui " Comme si cette attention pouvait avoir un impact sur lui, il ne verrait pas la différence.
" En plus, aujourd'hui, j'avais une réunion à l'OSU, mais bon..." Elle se saisit de son portable. " Je vais te donner une petite leçon aujourd'hui. Un petit cours pour ton réveil. " Elle s'est toujours amusé à lui raconter ce qu'il se passait dans le monde pour le tenir au courant des nouvelles modes, de l'actualité,...
" Le mot du jour: Selfie. C'est une sorte de pratique débile mais marrante, en vrai ça existait depuis longtemps tu vois mais grâce à la caméra frontale de mon portable, c'est plus facile à prendre. C'est un peu comme une webcam quoi. Tu n'as pas de chance, t'es tombé dans le coma juste après l'émergence de ce terme... " C'est glauque, mais elle se décide à le faire comme même. Elle s'arme de son portable et pose sa tête à côté de celle de son frère.
" Maintenant, souris que l'on face à un selfie..." Elle s'arrête sans prendre la photo, elle ne peut pas, c'est beaucoup trop bizarre et c'est un manque de respect. Mais, il n'est pas mort après tout, c'est juste qu'il a pris un somnifère très puissant. Elle reste bloquée sur cette image en le regardant à travers l'écran. Quelque chose est différent. Sa tête est inclinée différement, elle doit rêver, c'est elle qui a dû le décaler sans le vouloir. Ses paupières bougent fébrilement. Elle lâche violemment son téléphone qui se brise sur le sol. Il a les yeux ouverts, elle s'approche de son visage et lui sourit.
" Ca va ? " Pas de réponses. Il reste les yeux ouverts. Elle tape violemment sur le bouton d'alarme et sors en courant de la chambre.
" Une infirmière, un médecin, quelqu'un qui peut aider mon frère qui vient de se réveiller ? " Elle voit une infirmière qui se dirige vers elle mais qui ne prête pas attention à ce qu'elle dit, elle pousse un malade en fauteuil.
" Vous, venez m'aider, mon frère vient de sortir du coma ! " " Ce n'est pas mon étage, j'accompagnais juste ce monsieur à la cafétéria " Elle hallucine, elle fronce les sourcils et hausse le ton.
" Donc, si je fais un malaise, vous ne pouvez pas m'aider parce que ce n'est pas votre étage ? Ca vaut vraiment le coup de payer 10 000 dollars pour une opération dans ce foutu pays " dit-elle énervée. Elle attrape le bras de l'infirmière contre son gré et la tire vers la chambre de son frère.
" Laissez votre patient, sauf votre respect Monsieur, vous n'irez pas plus loin " dit-elle sans gêne.
L'infirmière l'examine et appelle le médecin en charge de Zéphyr. Ruby, quant à elle, regrette amèrement d'avoir laisser tomber son téléphone. Elle se précipite sur le téléphone de la chambre et compose le numéro de son père.
" Papa..."Une voix fébrile mais une voix mêlée de sanglot et de respiration forte empêche toute poursuite de dialogue. Elle se met à pleurer comme elle n'a jamais pleuré. Elle n'avait pas pleuré pendant l'accident, ni même après quand il a été déclaré dans le coma. Elle n'a jamais relaché toute cette tension et là, tout est sorti, sans qu'elle ne le veuille. Elle avait imaginé ce moment plusieurs fois mais ce n'est jamais comme dans l'esprit. Et dire, qu'elle ne devait pas être là aujourd'hui. Une question de karma, la vie est tellement surprenante parfois.
" Il est reveillé, venez ! "