+ dear mom, dear dad.
Le petit Flynn serrait son ours en peluche contre lui, peu rassuré par les cris qu'il entendait, provenant de la pièce d'à côté. Il faisait nuit, et ses rideaux n'avaient pas été tirés, cependant la lune et les étoiles éclairaient à peine sa chambre, et en plus, l'enfant ne distinguait que l'ombre des arbres, leur donnant un air effrayant. En réalité, il était terrorisé, Flynn s'était même construit une forteresse d'oreillers et de draps, pour se protéger des monstres de sous son lit, de ceux dans son placards, et des disputes de ses parents, qui l'empêchaient de fermer l’œil. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait : durant la journée, ses parents ressemblaient à n'importe quel autre couple, heureux, amoureux même. Et la nuit, dans le creux de leur lit, ils se déchiraient l'un l'autre, noms d'oiseaux et reproches à l'appui. Flynn, tremblant, se cacha la tête dans son oreiller, la respiration haletante et finit par s'endormir, épuisé de retarder le passage du marchand de sable. Ça arrivait tout le temps : la preuve, les cernes sur son visage encore potelé par l'enfance, ça n'irait sûrement pas en s'améliorant. D'ailleurs, au fil du temps, il deviendrait doué à faire semblant que tout va bien, le soir venu. Malgré la peur dévorante, malgré les cris assourdissants, que personne d'autre que lui ne semblait entendre.

+ changing times
Le Flynn âgé de dix ans de plus gérait assez bien la situation, ainsi que la relation parfaitement destructrice de ses parents. Il avait ses propres rituels, désormais, un casque constamment sur les oreilles, et un pinceau à la main lorsqu'il était à la maison : aussi rarement que possible soit dit en passant. Et la plupart du temps, rejoindre ses amis, traîner le plus longtemps possible au lycée, ça l'aidait à se réfugier ailleurs. « Tu dessines quoi, là ? » demandait un de ses amis, alors que déjà il essayait de regarder par dessus son épaule. « Oh, rien, c'est rien, je m'ennuie c'est tout tout. » Et Flynn, à dix-sept ans, il n'assumait pas trop son côté artiste, parce qu'il voyait bien, comment ses proches traitaient le club d'arts. Il y avait aussi cette touche d'appréhension, parce que ça n'était jamais assez bien, pour lui. L'adolescent referma rapidement son carnet de croquis. Enfin évidemment, Flynn n'en faisait pas un secret pour tout le monde. Ses meilleurs amis, eux, le soutenaient. D'ailleurs, c'était fou de savoir qu'il se sentait plus chez lui avec eux, que dans sa propre maison. Enfin, même s'il n'appréciait pas l'atmosphère de guerre qui régnait chez ses parents, ça ne voulait pas dire qu'il ne les aimait pas pour autant. Ou même qu'ils ne se souciaient pas de lui. Disons juste que leurs relations étaient compliquées, que tous ensemble, avaient appris à communiquer par les disputes plus que par les démonstrations d'affection.

+ bang bang
C'est en arrivant à l'OSU que Flynn s'épanouit vraiment. Déjà, bien qu'il soit un grand amateur de lacrosse, le jeune homme décida de rejoindre les delta à la place des alpha, comme on aurait pu s'y attendre de sa part. Et maintenant, plus personne ne s'étonnait de le voir revenir avec les mains tâchées par la peinture ou par le fusain. Malheureusement, comme beaucoup d'artistes, il vivait une espèce de panne d'inspiration. Pas vraiment, seulement tous ses dessins se ressemblaient. Une forme assez vague, de longs cheveux, une femme apparemment, mais qui revenait sans cesse, comme un rêve obsédant. « Tu dessines quoi, là ?» Flynn haussa les épaules. « Qui, plutôt. Aucune idée, elle n'a jamais de visage, quand je la dessine. » Le Delta soupira, il préférait de beaucoup sa période paysages, c'était plus simple, ou alors l'abstrait, ça aussi c'était simple. Mais peindre sans arrêt une femme sans visage, ça faisait plus peur qu'autre chose, surtout quand elle avait l'air familier.