Je suis hawaienne, si si, ne rigole pas où je te fais la tête au carré. J'ai la peau aussi blanche que blanche neige et pourtant je suis née dans une île paradisiaque où la population locale est bien plus colorée que moi. C'est la faute à mes dégénérés de parents, quelle idée de partir en voyage alors que ma tête est limite entrain de sortir du vagin de ma mère ? Ils étaient irresponsables, ils venaient de se marier, alors ils voulaient directement continuer par la lune de miel. Ma mère était aussi gonflée qu'une mongole fière et pourtant elle a décidé de s'envoler pour Hawaii. Je suis née à Honolulu, c'est marrant comme nom, ça sort de l'ordinaire au moins. Je ne suis pas restée longtemps sur ce caillou perdu au milieu de l'océan. Dès que j'ai pu prendre l'avion, mes parents m'ont ramené chez eux, dans un appartement minuscule à Cleveland. J'ai appris à marcher sur un parquet délavé. Maman me gardait pendant que papa s'arracher au boulot pour mettre de côté, histoire que je puisse aller à l'université plus tard. Mais dès que j'ai eu l'âge d'entrer à l'école, maman a repris le boulot ! Deux ans après ma naissance, pour mon anniversaire, j'ai eu un cadeau très spécial, un petit frère. Franchement, je n'en voulais pas, et même si j'avais la taille d'un haricot, il m'arrivait de taper dans le ventre de ma mère. Je n'ai pas tapé assez fort puisqu'il est arrivé quand même. Il a accaparé toute l'attention. Pendant ce temps, je déprimais dans mon coin, j'arrachais les têtes de mes barbies en rouspétant. J'avais encore l'envie de tuer ce petit frère, heureusement, je suis aussi tombée amoureuse de ce bébé. Surtout quand j'ai pris conscience que j'étais l'aînée et que je devais montrer l'exemple. Une année après l'apparition d'Aidan nous avons déménagé à Colombus. Mes parents avaient gravi des échelons dans leur boulot, leur salaire avait grimpé de quoi s'acheter une ravissante maison et des chambres séparées pour Aidan & moi. Cette maison a pris de l'âge avec toute la famille. Mes géniteurs y vivent toujours à l'heure où je vous parle.

Franchement, comme vous pouvez le voir, j'avais tout pour être heureuse. Pourtant ça ne m'a pas empêché de sombrer du côté noire de la force. J'ai toujours été fasciné par le danger. Je me suis passionnée très tôt pour les films d'horreur alors que toutes les filles du lycée craquaient pour des têtes blondes sorties d'un boysband. Je crachais sur ces conneries parfaites, le prince charmant il n'existe pas. Nous faire miroiter de tels mensonges c'est vraiment horrible. J'ai compris tout ça au travers du mariage de mes parents, je les en remercie d'ailleurs d'avoir été aussi transparent dans leur couple. Je ne me fais plus d'espoir, les garçons, ça vient et ça repart. Alors que j'entamais ma première année de lycée paisiblement, j'ai fait la rencontre de quelques adolescents légèrement plus âgés que moi, ils m'ont carrément emmené dans leur monde sans règles avec l'accès à toutes sortes de substances illicites. J'ai coulé, carrément coulé sans jamais toucher le fond. Enfaite si, l'overdose a été la sonnette d'alarme pour recommencer en douceur ! Planer ça fait du bien face à autant d'atrocités dans le monde, le seul bémol ça nous entraîne dans des délires incontrôlables. J'ai plusieurs fois fait le tour du commissariat. Mes parents avaient pris l'habitude de venir me chercher sans me faire la leçon. Si je me souviens bien ils ont arrêtés au bout de ma troisième arrestation pour outrage sur la voie publique. Ils ont abandonné et se sont consacrés à mon frère. Je ne leur en veux pas, au contraire. J'ai multiplié les excès à mon entrée à l'université, pas de chance pour moi, je n'ai été accepté qu'à celle de l'Ohio. Moi qui rêvait de partir au bout du pays, je suis restée dans la même ville. Je l'ai mérité. Et puis c'est pas si affreux que ça ! Je me plais bien ici.

Je ne sais pas si ça peut vous intéresser pourtant ça me perturbe toujours... je suis tombée enceinte au cours de ma deuxième année d'étude. Depuis que je suis entrée en pharma, j'ai découvert une autre drogue, les petites pilules. J'en suis tellement accroc que j'ai fini par oublier de prendre ma propre pilule contraceptive. Et il a fallu que je sois féconde au cours d'une beuverie. Je ne suis pas une sainte nitouche alors dès qu'un mec me plaît je fonce. On a fait ce que qu'on devait faire, un mois plus tard j'étais agenouillée à mes toilettes à vomir. Résultat ; j'étais enceinte d'un type dont je me souvenais à peine du nom et j'étais la pire catastrophe du monde. Un enfant était la dernière chose qu'il me fallait. Je me suis étonnée moi même, j'avais pris rendez vous dans une clinique privée pour enlever ce qui grandissait en moi et au moment de passer à l'élimination du foetus, j'ai reculé. J'ai fondu en larmes et je me suis enfermée dans ma chambre pendant des jours. Je ne pouvais pas enlever cette vie qui grandissait en moi... Et le père, devait il savoir ? Non, bien sûr que non. Ça empirerait la chose. Alors j'ai continué mes études et quand j'ai commencé à prendre du poids, je suis partie en échange universitaire sur ma terre natale, à Hawaii. J'ai accouché là-bas et j'ai abandonné ma fille là-bas. Je sais qu'elle est dans une bonne famille qui la désire mais je culpabilise. Ma moitié se trouve désormais à des milliers de kilomètres, elle ne sait sûrement pas que j'existe à moins que ses parents adoptifs lui disent un jour... Cet évènement m'a encore plus déstabilisée, depuis j'ai renforcé mes cocktails dangereux pour éloigner mes pensées.