un jour, j'ai compris ce que papa ressentait en cognant sur des gens. j'ai toujours vu le mal dans ce métier qu'il appelait également sa passion. je ne comprenais pas pourquoi il s'entêtait à vouloir continuer alors que cela payait tout juste les factures. or, j'ai changé d'avis à l'âge de huit ans, lorsque j'ai utilisé mes petits poings pour la toute première fois. cette saleté de missy a décidé de s'en prendre à la famille et croyez-moi, c'est quelque chose avec laquelle il ne faut pas déconner.
j'ai peut-être plus de maman mais moi, j'ai le meilleur papa du monde.... blondasse ! c'est à cette âge que la petite alizée, calme, innocente et inconsciente est devenue une grande fille, forte et prête à tout pour défendre ses convictions. on a fini par nous séparer alors qu'elle tenait une poignée de mes longs cheveux bruns et que moi, j'avais le poing levé, prête à frapper au visage cette fois-ci. on a fini dans le bureau du directeur, attendant sagement chacune sur notre chaise. j'observais cette chère missy d'un regard on ne peut plus noir, les bras croisés contre ma poitrine. finalement, les parents sont arrivés. la mère de la petite blonde semblait choquée de la situation dans laquelle s petite fille chérie s'était mise. mon père, quant à lui, restait de marbre et se contentait d'hocher la tête positivement à chaque parole prononcé par le proviseur. une fois sortie, je m'attendais à me faire engueuler, au moins un petit peu mais à la place, il m'a souri.
dis-moi, j'espère que t'as pas rentré ton pouce cette fois-ci ?! j'ai légèrement rigolé avant de cogner le poing qu'il me tendait. papa, il a des valeurs. certes, il ne veut pas que je me batte or, il ne peut trop rien dire puisque c'est-ce qu'il fait quasiment chaque soir et puis, j'avais une bonne raison cette fois-ci. maman est décédée lorsque j'avais à peine deux ans, autant dire que je ne l'ai jamais connu. je ne vais pas dire qu'elle ne me manque pas parce qu'une fille à vraiment besoin de sa maman or, mon père se débrouille plutôt bien. on a rien pu faire pour sa tumeur et papa a du apprendre à s'occuper de moi, tout seul. beaucoup disent que ce n'est pas un père parfait parce qu'on ne vit pas dans le luxe, parce qu'il met sa vie en danger chaque soir, parce que je suis apparemment trop petite pour devoir endurer tout ce qu'il me fait endurer jour après jour mais moi, j'aime cette vie et pour rien au monde je ne la changerai.
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je l'ai regardé à la télévision. oh, je sais parfaitement que j'aurais du éteindre avant. chiara, la baby-sitter, elle était venue me le répéter à trois reprises avant de finalement baisser les bras. elle s'était installée tranquillement dans le canapé du salon pour regarder sa télé-réalité à la con. elle est gentille chiara or, elle a pas grand-chose dans le cerveau. je l'ai déjà dit à papa et il est totalement d'accord avec moi. je l'ai regardé boxé, sachant pertinemment que je serais super fatiguée pour aller à l'école demain matin mais, je m'en fichais pas mal. j'ai attendu la fin du match et puis, son retour à la maison comme toujours. j'ai entendu la porte claquée alors, je me suis levée d'un bond et j'ai couru jusqu'à l'entrée pour lui sauter dans les bras. il m'a attrapé en vol en faisant une légère grimace parce que comme toujours, il était cassé de partout. chiara a pris son argent et elle est partie en m'adressant un large sourire que je lui ai rendu en actionnant la petite main pour lui dire au revoir. j'ai finalement regardé mon père dans les yeux et j'ai soupiré.
je crois qu'il va te falloir des points de suture cette fois-ci. mon père a levé les yeux au ciel d'un air désabusé tout en me reposant au sol. j'ai couru jusqu'à la salle de bain, il s'est installé dans le canapé et je me suis mise au travail en désinfectant à l'aide de l'alcool. j'ai attrapé du fil, il a stérilisé l'aiguille et j'ai recousu telle une vraie petite infirmière sous les yeux admiratifs de mon père.
je suis fier de toi tu le sais ça ? Et maman le serait aussi. maintenant, files te coucher princesse, tu vas être fatiguée demain ! il a déposé un baiser sur mon front en guise de remerciements, j'ai couru jusque dans ma chambre, sauté dans mon lit. comme tous les soirs, il est venu me border, m'a souhaité bonne nuit et est reparti.
papa, tu peux éteindre la lumière s'il te plaît ? je suis une grande fille maintenant. j'ai souri et je suis partie au pays de morphée quelques secondes plus tard. voilà à quoi a toujours ressemblé mon quotidien et j'aime ça, même si ce n'est pas tous les jours faciles. disons que je suis une petite fille qui a du grandir un peu plus tôt que prévu. moi, ça m'a toujours convenu. je faisais ça parce que j'en avais envie, parce que j'aimais mon père, parce qu'il a beaucoup fait pour moi et que c'était le minimum que je pouvais faire en retour.
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Aujourd'hui c'est la rentrée mais, pas n'importe quelle rentrée parce que c'est l'université ! Je suis toute excitée à l'idée de faire enfin ce que j'aime et non de suivre des cours inutiles qui ne me serviront pas à grand-chose pour la suite. j'ai toujours été une très bonne élève avec de bons résultats et compagnie or, je pense que cette fois-ci, je peux encore faire mieux. ma meilleure amie est venue toquer chez moi pour qu'on parte ensemble puisqu'elle aussi a été acceptée. J'en suis on en peut plus ravie parce qu'après tout, jamais on a été séparées l'une de l'autre et ce, depuis l'école maternelle. Je lui ai ouvert la porte et je lui ai instinctivement sauté dans les bras. Mon père est arrivé dans le couloir muni de son appareil photo.
un petit sourire les filles ? la blondinette s'est rapidement pris au jeu en souriant de toutes ses dents, prenant une pose de star. c'est tout elle de toute façon, toujours en train de faire des conneries, toujours à vouloir être sous les deux des projecteurs.
papa, on a plus trois ans tu sais ! mais malgré tout, je l'ai fait pour lui faire plaisir. Il était tout content d'avoir sa photo souvenir. j'ai déposé un baiser sur sa joue avant d'attraper le bras de ma meilleure amie et hop, en avant l'université est à nous !!
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j'espère qu'il y aura des beaux mecs ! je me suis mise à rire en tournant la tête en sa direction alors qu'elle me regardait de haut en bas.
c'est dingue ça, t'as que ce mot à la bouche. j'ai secoué la tête d'un air désespéré alors qu'elle m'a souri de plus belle. Elle est comme ça qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse. À croire que sa vie toute entière tourne autour des mâles. De toute façon, elle l'a toujours dit, elle finira marié à un vieux pervers juste pour devenir riche, avoir une villa le rêve avec un dressing de la taille de sa maison. Je n'ai pas vraiment envie de lui rêver son trip en lui disant qu'il y a peu de chance qu'elle en trouve un ici alors, je la laisse rêver.
rabat-joie ! si tu te sortais de beau brun de la tête et que tu t'amusais un peu. je suis restée bouche bée devant ses propos tandis que la sonnerie annonçant le début des cours retentis.
je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler ! j'ai haussé les épaules et j'ai tracé pour rejoindre l'amphithéâtre comme si de rien était alors qu'il prenait le prochain couloir. je me suis stoppée nette pour faire un pas en arrière et penchais la tête pour l'apercevoir au loin.
et au fait, je profite de ma jeunesse, j'ai couché avec côme avant hier. c'est un bon coup ! elle a arqué les sourcils avant de rire avec moi. après tout, j'ai une réputation à tenir en tant que gamma rho zêta et je dois avoué que c'est la pure et stricte vérité. côme est un bon coup mais, pas le mec que je veux non. c'est juste pour m'amuser.
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j'ai entendu toqué à la porte. j'ai laissé quelques secondes s'écoulaient en espérant que ça cesse de frapper. j'ai enfoui la tête dans mon oreiller or, remarquant que les coups se faisaient de plus en plus fort, j'ai jeté un coup d'œil à mon réveil. celui-ci indiquait trois heures du matin. j'ai baillé et je me suis levée pour ouvrir et voir ce qu'il se passe, là derrière la porte.
jay ? j'ai pas eu le temps de dire quoique ce soit de plus que le jeune homme était déjà dans mon appartement et avait pris soin de refermer derrière lui. il a retiré sa capuche pour que j'aperçoive son œil au beurre noir, sa lèvre fendu, son front en sang... j'ai soupiré en croisant les bras.
combat illégal. je peux pas aller à l'hôpital alors, je vais avoir besoin de toi. il a haussé les épaules comme si c'était naturel avant de baisser les yeux pour m'observer de haut en bas. j'ai alors percuté que je ne portais rien d'autre que ce long t-shirt sur le dos, mon pyjama quoi du coup, j'ai légèrement tiré dessus avant de partir en direction de la salle de bain pour sortir le matériel.
quand c'est pas mon père, c'est toi. quelle chance j'ai d'avoir des sentiments pour un boxeur ! Vous feriez quoi sans moi ? j'étais tellement à fond dans mon truc en rassemblant tout ce dont j'avais besoin que je n'avais pas vraiment fait attention à mes dires. il arriva dans l'encadrement de la porte et s'appuya contre celle-ci en fronçant légèrement les sourcils.
tu viens de dire quoi là ? merde, j'ai parlé de sentiments non ? il est tard et généralement, quand on me réveille en pleine nuit, je dis que de la merde. je me mords la lèvre et secoue la tête comme pour tout oublier avant de me tourner vers lui. je lui fais signe de la tête et il s'installe sur le remord de la baignoire. comme toujours, je nettoie, j'inspecte et je tente de réparer.
j'ai appris que tu sortais avec peter ou peut-être que c'est tyler son prénom. un footballeur ? je me suis arrêtée pour le questionner du regard avant de me mettre à rire.
je suis allée à une soirée avec lui mais, il a rien dans le cerveau ce gars, je sors pas avec ! j'ai repris où j'en étais. il semblait assez rassuré, il a souri et puis, a rapidement repris son sérieux pour continuer sur sa lancée.
ah non, on m'a dit que t'avais couché avec côme ! Ouais, c'est ça que j'ai entendu dire. j'en conclue que tu sors avec. j'ai soupiré en appuyant un peu plus sur sa blessure pour qu'il se taise. de ma main libre, j'ai attrapé la sienne pour observer ses poings. il a fait une drôle de grimace en levant le bras.
et moi, vu l'état de ton bras, l'œil que tu te tapes et le fait que marche comme un handicapé, j'en conclue que t'as perdu. tu vas être obligé de venir avec moi à l'hôpital demain pour faire une radio, t'as peut-être des côtes cassé ou le bras du moins. il a rien dit mais je savais qu'il mourrait d'envie de m'engueuler sauf qu'il avait aucun droit de le faire. c'est pour cette raison qu'il faisait des sous-entendu de la sorte. j'ai rien ajouté de plus et comme toujours, il a squatté mon canapé jusqu'au petit matin et a disparu avant que je me lève. quel connard je vous jure mais bon, je l'aime malgré tout.